Analyse des organes de tiques

Pourquoi s’intéresse-t-on aux organes des tiques ?

Il existe des centaines d’espèces de tiques dans le monde. Le projet PiroGoTick a mis en évidence 8 espèces de tiques trouvées sur les équidés en France. Les tiques peuvent être vectrices de maladies, mais qui dit agent infectieux transmis par piqûre de tique ne dit pas que toutes les espèces de tiques sont capables de les transmettre. Dans le cadre de notre étude sur la piroplasmose équine nous cherchons à en savoir plus sur la compétence vectorielle des différentes espèces de tiques reçues au laboratoire et les modalités de transmission.

Qu’est-ce que la compétence vectorielle ?

C’est la capacité de la tique à acquérir l’agent pathogène, à le transmettre au(x) stade(s) de développement suivant(s), voire à la génération suivante, et à le transmettre à l’hôte.

On vous explique :

La tique se contamine à l’occasion d’un repas de sang (aux différents stades larvaire, nymphal ou adulte) sur un animal infecté dans son sang par un agent pathogène. S’ensuit alors des phases de maturation, de migration et de multiplication de l’agent pathogène dans différents tissus de la tique, dont les glandes salivaires. Lors du repas sanguin suivant, la tique infectée injecte le contenu contaminé de ses glandes salivaires à un second animal, le contaminant à son tour. Selon les agents pathogènes, deux mécanismes de transmission permettent de les maintenir au sein des populations de tiques :
-    La transmission transstadiale : l’agent pathogène se maintient entre les différents stades de développement de la tique (larve à nymphe, nymphe à adulte) et persiste malgré la métamorphose,
-    La transmission transovarienne correspond au passage de l’agent pathogène de la femelle aux œufs, puis aux larves. Ce mode de transmission n’est pas retrouvé dans le développement de tous les agents pathogènes.

Cycle des tiques d'équidé
Cycle de vie des 4 espèces majoritaires retrouvées chez les équidés en France. © INRAE - PiroGoTick

Dans le cadre du projet PiroGoTick, une partie des tiques adultes que nous recevons est disséquée pour prélever différents organes et y rechercher la présence de l’ADN des parasites responsables de la piroplasmose par des méthodes de biologie moléculaire.

Quels organes et pourquoi ?
Recherche des parasites dans les organes
Schéma illustrant l’intérêt d’étudier les organes des tiques. © INRAE - PiroGoTick

Les glandes salivaires : la présence de l’ADN du parasite indique que le parasite est capable de migrer jusqu’aux glandes salivaires et de s’y multiplier, et donc que la tique est très probablement capable de transmettre le parasite à l’équidé au moment de la piqûre.

Les ovaires et œufs : la présence de l’ADN du parasite indique que le parasite est capable de migrer jusqu’aux ovaires et de s’y multiplier. Cela traduit la possibilité d’une transmission à la génération suivante.

Le tube digestif : la présence de l’ADN du parasite dans le tube digestif de la tique indique le statut infecté de l’équidé sur lequel la tique était en train de se nourrir.

Ces données sont-elles suffisantes ?

Pour déterminer avec assurance la compétence vectorielle d’une espèce de tique pour un agent pathogène, la détection de l’ADN ne suffit pas. Il est nécessaire de réaliser des expérimentations prouvant l’acquisition et la transmission de l’agent infectieux vivant (pas seulement de son ADN), à la fois de l’animal infecté vers la tique, et de la tique infectée vers l’animal indemne.

Mais ces expérimentations sont difficiles à mettre en œuvre car elles requièrent de maîtriser la culture de l’agent pathogène, l’utilisation d’animaux sains et infectés et le maintien en vie des tiques au laboratoire. Concernant les parasites responsables de la piroplasmose équine, détecter leur ADN dans les organes ne permet pas d’établir la compétence vectorielle de la tique infectée avec certitude. Mais lorsque cette compétence est déjà prouvée, cela permet de calculer des taux de transmission.